Baby blues, Post-partum, Burn out maternel: quelles différences?

On entend souvent ces expressions qui évoquent les différents états que peut présenter ce que l’on appelle la « difficulté maternelle« . Parce que j’aime bien comprendre, en particulier quand ça me touche personnellement, j’ai cherché les différences entre le Baby blues, le « post partum », le burn out maternel voire (et rien que le nom fait froid dans le dos) la psychose puerpérale.

Avant toute chose, je rappelle que je ne suis ni médecin ni psychologue; je me suis simplement renseignée auprès de sources d’informations aussi fiables que possible. Je n’invente rien, je ne fais que retranscrire et synthétiser les articles de spécialistes que j’ai lu (voir les sources en bas de l’article). L’ouvrage de référence sur le burn-out maternel reste celui de Violaine Guéritault (dont je parle ici).

Autre précision importante: je ne veux pas laisser croire qu’il y un processus automatique qui nous entraîne d’une étape à l’autre sans échappatoire, ni que les « étapes » se suivraient nécessairement dans cet ordre-là. Le schéma ci-dessous cherche uniquement à figurer, de ce qu’en perçois, la « gravité » des différents états, et leur fréquence.

états de la difficulté maternelle

 

Le Baby blues

On connaît tous le Baby blues; en tout cas, on en a tous entendu parler. Mais de quoi s’agit-il réellement, au juste?

  • Il intervient juste après la naissance et dure quelques jours (entre 2 et 4). Il apparaît généralement le 3e jour, d’où son nom initial de « Blues du 3e jour » (conceptualisé en 1952).
  • Il n’est pas pathologique.
  • Il touche entre 30 et 75% des mères (plus de 50% selon certaines sources).
  • S’il se prolonge au-delà d’une ou deux semaines, il peut signaler une dépression Post-partum.
  • Physiologiquement, il est lié au bouleversement hormonal de l’accouchement et à la mise en place de la lactation. Il est aussi lié à la fin du stress de la grossesse et de l’accouchement, et au bouleversement que représente la naissance et la responsabilité d’un petit être.
  • Il est caractérisé par son intensité « supportable » et sa brièveté.
  • Quelques symptômes (parmi d’autres): fatigue (en même temps, qui n’est pas fatigué les 1e semaines de vie d’un bébé?), variabilité de l’humeur, pleurs et crises de larmes, doutes et craintes vis-à-vis du bébé (à un niveau acceptable), hypersensibilité, parfois des troubles de la mémoire.

Le Baby blues est caractérisé par le fait que la maman reste « consciente que ces sentiments et émotions sont disproportionnés« , nous dit l’association Maman Blues.

La dépression du post-partum

Souvent confondue avec le Baby Blues, la dépression du post-partum est pourtant bien différente.

  • Elle survient durant les 4 premières semaines après la naissance et peut durer jusqu’aux 6 mois de l’enfant. Il s’agit souvent d’un Baby blues qui s’est installé.
  • Elle touche 10 à 20% des mères.
  • Les symptômes sont ceux de la dépression: humeur dépressive, perte d’intérêt, perte ou gain de poids, problèmes de sommeil, fatigue ou perte d’énergie, sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive, …
  • Mais il ne faut pas négliger la spécificité de cet état lié à la maternité. Elle est particulière et a été longtemps minimisée par le corps médical, par ignorance, par honte des femmes de « ne pas correspondre au standard classique de la maternité bienheureuse« . Aujourd’hui encore, elle n’est pas reconnue comme un type spécifique de dépression.
  • Elle témoigne des difficultés de la mère de devenir réellement et pleinement mère. Elle vit une « transition identitaire délicate« .
  • Il y a des moments de répits plus ou moins longs; les soins et gestes de la vie quotidienne sont assurés, mais en mode « automatique ».
  • D’autres symptômes peuvent aussi apparaître: pleurs, détachement, lassitude inhabituelle, difficultés de concentration, irritabilité, colères, anxiété constante (plus forte le soir), culpabilisation omniprésente, fort sentiment de honte de ne pas être heureuse, … Il peut arriver que la maman souhaite disparaître, a l’impression d’être un poids pour les autres, pense que le temps est arrêté, etc.

Il faut traiter correctement cette dépression très spécifique et différente des autres dépressions. Ne pas rester à la surface mais creuser le fond des choses, en particulier le bébé et la relation entre la mère et le bébé.

Le burn-out maternel

Aussi appelé « épuisement maternel ou parental » (il peut aussi toucher les pères). S’il a été théorisé à partir du burn-out professionnel par Violaine Guéritault, il s’agit bien d’un syndrome différent.

  • Il touche environ 5% des parents et 8% (des autres parents) sont considérés comme étant « à risque » (selon les études menées par l’Université Catholique de Louvain). Selon l’association ‘Maman Travaille’, 63% des femmes qui travaillent sont épuisées. Mais attention, le burn-out maternel peut aussi toucher des mères aux foyers.
  • Les symptômes principaux sont les suivants: épuisement (émotionnel, physique, cognitif), distanciation affective avec ses enfants, perte d’efficacité et d’épanouissement dans son rôle de parent/maman. Un burn-out parental est caractérisé par la présence d’au-moins 2 de ces 3 symptômes. Il s’agit également des 3 stades du burn-out maternel décrit par Violaine Guéritault.
  • Il peut survenir à tout moment, y compris plusieurs années après la naissance du/des enfants.
  • Si on ne fait rien, il peut se transformer en profonde dépression. Et n’est pas sans risque pour la famille, en particulier pour les enfants.
  • Il est impossible de s’en sortir absolument toute seule, et difficile de s’en sortir sans une solide aide externe.

Pour plus d’éléments, je vous recommande la conférence d’Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak (dont je parle ici) ainsi que les livres des mêmes chercheuses ou de Violaine Guéritault ().

La psychose puerpérale

ou « la folie d’être mère ». Il s’agit d’un syndrome rare, spectaculaire. On parle même de « chaos émotionnel ».

  • Elle survient brutalement, généralement dans les 2 semaines qui suivent l’accouchement.
  • Elle s’accompagne d’un état délirant et d’agitations extrêmes. Elle nécessite une hospitalisation d’urgence. Cela dit, il n’y a pas de lien avec un éventuel antécédent psychiatrique.
  • Il s’agit d’un phénomène relativement rare: 1 à 2 cas pour 1000 naissances, soit plus de 1000 femmes par an, et touche majoritairement (70% des cas) des primipares (1er bébé).
  • Quelques symptômes: impossibilité de dormir, perte de mémoire, agitation et panique, hallucinations, confusion dans le temps et l’espace, propos incohérents, désarroi extrême, sentiment de désespoir et de honte, comportement maniaque, …
  • Les symptômes diminuent en une dizaine de jours. Des rechutes sont possibles mais un traitement spécifique est indispensable.

Certains spécialistes jugent le terme de psychose impropre: « La folie maternelle éclate donc comme « un coup de tonnerre » chez des femmes n’ayant présenté aucun signe alarmant pendant leur grossesse, même si avec le recul de l’analyse, une certaine fragilité psychique pouvait se deviner« , indique Michèle Benhaim.

Quelques pistes pour avancer

J’ai découvert un questionnaire rapide proposé par l’association Maman Blues qui permet de faire le point sur notre état de manière un peu plus rationnelle qu’avec nos seules sensations. Il ne s’agit pas d’auto-diagnostic et cela ne remplace pas l’aide et l’écoute de professionnels ou de spécialiste. Mais cela peut déjà aider à mettre des mots sur un état plus ou moins compliqué, à se poser quelques bonnes questions. Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, dans leur livre Le Burn-out parental, l’éviter et s’en sortir proposent également un questionnaire qui permet de se situer vis à vis du burn-out parental (post à venir bientôt sur ce livre).

Il existe aussi des propositions pour aider les mamans en difficulté. Des psy bien sur (et n’hésitez pas à en parler à des amies ou autres mamans qui ont pu connaître ça); il faut que le psy en question soit sensibilisé aux questions de la difficulté maternelle et du burn out, par exemple. Tous ne considèrent pas le burn-out maternel dans sa spécificité et donc le traite plus ou moins bien.

La Belgique, en lien avec les études menées à l’UCL par Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, proposent des consultations pyschologiques spécialisées. Un programme de sensibilisation au burn-out parental a également été lancé en Belgique, Parent à bout, dont l’objectif est de briser le tabou et de proposer des solutions aux parents qui en ont besoin.

On trouve aussi de plus en plus de groupes de paroles et d’échanges, souvent pilotés par des associations et des bénévoles. Il y en a dans de nombreuses villes et régions de France.

Sources: 

  • Burnoutmaternel.fr: Les différents états de la difficulté maternelle
  • Maman-blues.fr: Les différents visages de la difficulté maternelle
  • Psychologies.com : Mères épuisées, gare au burn-out
  • MC.be : un accompagnement des parents épuisés et en burn out, en Belgique
  • Burnoutparental.com : le site sur le Burn-out parental des chercheuses belges Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak.

Laisser un commentaire

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑